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LE BANQUET

fidèles de Socrate et l’un des plus fervents, un homme qui tient à savoir chaque jour ce que Socrate a dit ou fait, qui éprouve une jouissance sans égale à parler de philosophie, c’est-à-dire encore de Socrate, ou à en entendre parler par d’autres (172 c sq., 178 cd) : c’est Apollodore de Phalère. Un heureux hasard fait que, peu de temps auparavant, il a eu l’occasion de satisfaire une pareille curiosité (172 ab) chez un certain Glaucon, un de ses amis et tout pareil à ceux avec qui aujourd’hui il s’entretient (172 a et p. 2, n. 1). Aux yeux de ce Glaucon il apparaissait en effet particulièrement qualifié pour lui donner l’information souhaitée, une information plus précise que celle dont quelqu’un l’a déjà pourvu. Or ce quelqu’un disait lui-même tenir d’un autre ce qu’il savait : de Phénix, fils de Philippe ; il lui a de plus indiqué Apollodore comme étant lui aussi au courant (172 b). Mais, tout comme le premier informateur de Glaucon, Apollodore a été renseigné par un autre. Phénix, toutefois, n’a pas assisté en personne à la réunion dont il s’agit : il n’est lui-même qu’un intermédiaire. Au contraire c’est par un témoin de cette réunion qu’Apollodore a été renseigné directement, par un homme dont la dévotion pour Socrate était toute pareille à la sienne (cf. 223 d fin), Aristodème le Petit. Bien plus, il a lui-même contrôlé auprès de Socrate l’exactitude de son témoin (178 b ; comparer Théétète 143 a). Ainsi donc Glaucon a eu le récit d’un récit, et il n’en sera pas autrement pour les amis d’Apollodore. Mais entre les deux cas il y a de notables différences : le récit de Phénix a pu faire croire à Glaucon que la réunion s’était tenue tout récemment (172 bc), et une telle erreur doit discréditer complètement son autorité ; celle d’Aristodème est au contraire de premier ordre : il était déjà du cercle socratique à une époque assez ancienne pour avoir pu prendre part à la réunion (172 c sq.), et Socrate en personne garantit son témoignage.


La date du fait raconté et celle du récit.

La date de la réunion va maintenant être précisée : elle eut lieu le lendemain du jour où Agathon sacrifia aux Dieux en reconnaissance du prix que lui avait valu sa première tragédie. C’était, rapporte Athénée, l’année de l’archonte Euphème, c’est-à-dire en 416[1]. Et cela s’ac-

  1. Deipnosoph. V, 217 a. D’après lui la victoire d’Agathon eut