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NOTICE

« la pause de Pausanias », Apollodore en effet ajoute qu’il a appris des maîtres[1] « à parler ainsi par isa » (185 c et la note), c’est-à-dire par membres égaux. Dans cette plaisanterie, assez inattendue de la part d’Apollodore, n’y a-t-il pas un à peu près comme les Grecs aimaient à en faire sur les noms propres[2] ? Tel celui qu’on verra plus loin (198 c) sur le nom de Gorgias. La manière d’Isocrate comporte précisément, avec la parhoméose (commencement ou terminaison semblables des membres de la période), la parisose. Ce sont les deux procédés essentiels du style périodique[3] : balancement de la période par l’égalisation de ses membres, par la répétition du même mot ou par la rime au commencement ou à la fin de chaque membre. Ici, à la vérité, ce n’est pas à des membres de phrase, mais à des mots, que le procédé est appliqué. Il est bien le même pourtant ; car ceux-ci ont même longueur, ils commencent de même et ont en grec même désinence : bref ils se balancent réciproquement. Au reste un curieux passage de la République (VI 498 c-499 a) paraît de nature à éclairer, par rapport au discours de Pausanias, l’intention contenue dans le passage en question du Banquet. Quelle place, se demande-t-on, faut-il réserver à la philosophie dans l’éducation ? Elle ne doit pas être un passe-temps de jeunesse, mais l’occupation essentielle de l’âge mûr en vue d’une vie heureuse et de la continuation de ce bonheur après la mort. Voilà, observe Adimante, à quoi ne consentira pas Thrasymaque ! Et Socrate de répondre : « Rien d’étonnant à cela : c’est qu’on n’a jamais vu exécuté ce qui est à présent discuté, mais bien plutôt la recherche intentionnelle de similitudes de ce genre entre les mots, et non, comme c’est notre cas, le laisser-aller de la spontanéité dans leur assemblage

  1. Des maîtres de Rhétorique : le grec dit les Savants, c’est-à-dire les Sophistes. — Diels (Vorsokr. ch. 76, C 1, vol. II, p. 266, 34³) voit dans ce passage un pastiche du style de Gorgias. Mais ce n’est guère vraisemblable, puisque Gorgias sera visé plus tard, à propos du discours d’Agathon (cf. 198 c et p. lxviii sq.).
  2. La plaisanterie serait analogue à celle que paraît attester ce titre d’un livre d’Antisthène le Cynique : Isographè, dont le sous-titre était Ou Lysias et Isocrate, et qui aurait été écrit contre Isocrate au sujet de son Ἀμάρτυρος ? (Diog. Laërce VI 15).
  3. Aristote, ibid. 1140 a, 22-28 : ce sont les deux modes de l’antithèse. — Comparer Rép. VII 541 a εὐδαιμ-ονήσειν, ὀνήσειν.