Page:Platon - Œuvres complètes, Les Belles Lettres, tome IV, 2 (éd. Robin).djvu/79

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
lxxiii
NOTICE

teurs du dialogue, les mêmes paroles recouvrent bien la même pensée : sans cet accord préalable (homologia), on risque de se fourvoyer dans une controverse stérile, dont la source est un malentendu.


I. Examen dialectique :
1o Socrate
et Agathon
(199 b-201 c).

Cette tâche préliminaire a donc pour objet principal de débrouiller et de clarifier l’énoncé du problème, en purifiant les esprits de préventions ou de confusions inaperçues ; mais l’examen critique ne peut manquer de mettre en lumière quelque résultat positif. L’entretien avec Agathon n’est qu’une partie de cette tâche préliminaire, et elle se poursuit, pour les raisons qu’on a dites (cf. p. xxv et p. lxv), dans l’entretien prétendu de Socrate avec Diotime ; jusqu’au moment (207 a) où, le problème étant éclairci et le schéma d’une conception dégagé, Socrate pourra, par la bouche de Diotime, faire désormais, ainsi qu’il l’avait annoncé (199 b fin), une exposition continue de sa théorie de l’Amour.

La division, introduite par Agathon, de la nature de l’Amour, avec ses attributs, et ensuite de ses œuvres, peut être conservée (cf. 201 e). Elle le sera au moins pour la commodité de l’examen, car, il faut en convenir, le ton sur lequel Socrate parle de cette mirifique invention a un fort parfum d’ironie. Ceci dit, il est un premier point sur quoi Socrate a besoin de savoir s’il est d’accord avec Agathon. La question, sur laquelle on a beaucoup disputé, me paraît être, en substance, celle-ci : la nature de l’Amour veut-elle, interroge Socrate, qu’il soit amour de quelque chose, ou bien peut-il n’être amour de rien ? autrement dit, l’amour est-il un corrélatif et a-t-il un corrélatif, ou bien peut-on l’entendre absolument et sans rapport à un objet ? La question est générale : cet objet doit donc être le corrélatif tout à fait indéterminé (τινός d 2, de quelque chose) d’Amour, l’objet en général de l’amour en général. Et c’est pourquoi Socrate priera Agathon (200 a) de faire, pour le moment, abstraction de l’idée qu’il a sur l’objet propre et déterminé de l’amour (cf. p. 48, n. 1). Par conséquent, si l’on détermine ou particularise cet objet, en comprenant que la question est de savoir si l’amour est amour d’un père ou bien d’une mère (τινός d 3, d’une certaine personne), par là d’abord on fait de la corrélation elle-