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AXIOCHOS

Phédon de Platon ou l’Eudème d’Aristote, tous deux hommages de l’amitié, mais encore expression d’une espérance que la mort ne peut éteindre[1]. Enfin, il existait de nombreux traités qui avaient pour titre περὶ θανάτου, περὶ πένθους, et qui ont aujourd’hui presque tous disparu. Toutefois, nous pouvons connaître quelques-uns des thèmes favoris, grâce aux emprunts de Plutarque ou de Cicéron[2].

Quels étaient ces thèmes ? Il semble qu’on puisse les ramener aux deux hypothèses que suggère Platon dans l’Apologie de Socrate : « …Que de raisons d’espérer que mourir est un bien ! dit Socrate à ses juges. Car de deux choses l’une : ou bien celui qui est mort n’est plus rien, et en ce cas, il n’a plus aucun sentiment de quoi que ce soit ; ou bien, conformément à ce qui se dit, la mort est un départ, un passage de l’âme, de ce lieu dans un autre »[3]. Ces deux thèmes furent alternativement développés par les auteurs de consolations, parfois même simultanément.

Si l’âme disparaît, qu’avons-nous à redouter la mort ? Nous sommes, au contraire, délivrés de bien des maux. Les misères humaines furent un lieu-commun souvent développé dans diverses écoles. Le sophiste Antiphon les énumérait avec complaisance et concluait au peu de valeur de la vie[4]. Le rhéteur Alcidamas, disciple de Gorgias, louait la mort, nous l’avons dit, parce qu’elle délivre. Le cyrénaïque Hégésias allait jusqu’à exciter chez ses auditeurs le désir de se sous-

  1. On trouve des fragments du dialogue aristotélicien Εὔδημος ἢ περὶ ψυχῆς dans l’édition de Berlin, fg. 32. Aristote écrivit probablement cet ouvrage en l’honneur d’Eudème, son ami, tué à Syracuse en 354.
  2. Cf. surtout Plutarque, Consolat. ad Appollon. et Cicéron, Tusculanes. — Parmi les auteurs de consolations, on peut citer entre autres, Xénocrate qui écrivit un περὶ θανάτου (Diog. IV, 12) ; chez les Cyniques, Antisthène (Diog. VI, 17), Diogène (Cicéron, epist. 60, 5), Cratès ; chez les Cyrénaïques, Hégésias, surnommé πεισιθάνατος (Diog. II, 94 sq. ; Cicéron, Tuscul. I, 84) ; dans l’école d’Aristote, Théophraste, avec Καλλισθένης ἢ περὶ πένθους (Diog. V, 44 ; Cicéron, Tuscul. III, 10, 21) ; chez les Stoïciens, Chrysippe, avec un περὶ παθῶν ; chez les Épicuriens, Épicure, Métrodore (Sénèque, epist. 98, 9).
  3. Apologie, 40 c. Traduct. M. Croiset (collect. Guill. Budé).
  4. Cf. Diels, Die Fragm. der Vorsokr. II, 80 B, frg. 49, 51, 54.