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NOTICE

1112 b, 11) et dans la Rhétorique (Α, 6, 1362 a 18) : la délibération ne porte pas sur la fin, mais sur les moyens de réaliser la fin, paraît être supposée. En tout cas, cet indice isolé est, à lui seul, bien fragile.

On songerait plutôt à un écho de l’enseignement socratique filtré par les écoles. La conclusion du premier thème se rattache, en effet, au reste de la dissertation d’une façon inattendue et peu naturelle. Après avoir apporté de nombreux arguments pour prouver l’inutilité des délibérations, l’auteur termine son discours par cette assertion que logiquement on n’était pas en droit d’attendre : l’ignorance est l’obstacle contre lequel vient chopper toute délibération. Mais elle n’est pas le fait des gens de bien. Eux savent vraiment quel est l’objet de leurs conseils ; ils connaissent les motifs de leurs décisions ; ils ont conscience de ne pas se tromper. Eux seuls sont donc les vrais conseillers (382 d, e). N’aurions-nous pas dans cette conclusion une réminiscence des doctrines socratiques sur le bien et sur la connaissance, sur le fait qu’il faut savoir pour réussir et que seul, l’homme de bien, celui qui se connaît soi-même, est capable de délibérer avec certitude et d’agir en toute sécurité[1] ?

Nous serions donc porté à croire que cet écrit, œuvre d’un sophiste, adepte peut-être de quelque école socratique, l’école mégarique, par exemple, a été composé dans le courant du ive siècle. Il doit être contemporain des deux dialogues précédents, de Virtute et de Justo.

III

LE TEXTE

Les manuscrits collationnés pour l’édition du texte sont :

Parisinus 1807 = A.
Vaticanus graecus 1 = O.
Vindobonensis 21 = Y.
Laurentianus 80, 17 = L.
Vaticanus graecus 1029 B = V.
Parisinus 3009 = Z.


  1. Xénophon, Mémorables III, 6, 71. — IV, 2, 26 et suiv.