E|c}}
Que veux-tu dire ?
Sais-tu bien, par exemple, que tous les commerçants, laboureurs, boulangers et aussi les maîtres de gymnase et la tribu des médecins, tous ces gens-là pourraient fort bien soutenir, avec force raisons, contre ces pasteurs d’hommes que nous avons appelés des politiques, que ce sont eux qui s’occupent de nourrir les hommes, et non seulement ceux du troupeau, mais aussi leurs chefs ?
N’auraient-ils pas raison de le soutenir ?
Peut-être : c’est une autre question à examiner. Ce que nous savons, c’est que personne ne contestera au bouvier aucun de ces titres. C’est bien le bouvier, lui seul, qui nourrit le troupeau, lui qui en est le médecin, lui qui en est, si je puis dire, le marieur, lui qui, expert en accouchement, aide à la naissance des petits et à la délivrance des mères. Ajoute que, pour les jeux et la musique, dans la mesure où la nature permet à ses nourrissons d’y prendre part, nul autre ne s’entend mieux à les égayer et à les apprivoiser en les charmant, et, qu’il se serve d’instruments ou seulement de sa bouche, il exécute à merveille les airs qui conviennent à son troupeau. Et il en est de même des autres pasteurs, n’est-il pas vrai ?
Parfaitement vrai.
Comment donc admettre que nous avons défini le roi d’une manière juste et distincte, quand nous l’avons proclamé seul pasteur et nourricier du troupeau humain et séparé de mille autres qui lui disputent ce titre ?
On ne peut l’admettre en aucune façon.
Est-ce que nos appréhensions n’étaient pas fondées, quand tout à l’heure le soupçon nous est venu que, si nous pouvions avoir rencontré en discutant quelques traits du caractère royal, nous n’avions pas encore pour cela achevé exactement le portrait de l’homme d’Etat, tant que nous n’aurions pas écarté ceux qui se pressent autour de lui et se prétendent pasteurs comme lui et que