Page:Platon - Sophiste ; Politique ; Philèbe ; Timée ; Critias (trad. Chambry), 1992.djvu/308

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ge|SOCRATE|c}}

De même encore, la congélation contre nature que le froid opère sur les humeurs de l’animal est une douleur ; mais, lorsque ces humeurs reviennent à leur premier état et se réparent, ce retour conforme à la nature est un plaisir. En un mot, vois s’il te paraît raisonnable de dire que, dans la classe des êtres animés, formés, comme je l’ai dit précédemment, de l’union naturelle de l’infini et du fini, lorsque cette union est détruite, cette destruction est une douleur, et qu’au contraire, quand ils reviennent à leur nature, ce retour est chez tous un plaisir.

PROTARQUE

Admettons-le ; car cela paraît être vrai en général.

SOCRATE

Posons donc ce qui se passe en ces deux sortes d’affection comme une première espèce de douleur et de plaisir.

PROTARQUE

Posons-le.

SOCRATE

XVIII. — Pose aussi l’espèce relative à l’attente de ces sensations par l’âme elle-même, attente des plaisirs à venir, agréable et pleine de confiance, attente des chagrins à venir, qui provoque la crainte et la douleur.

PROTARQUE

C’est en effet une autre espèce de plaisir et de douleur, que celle qui vient de l’attente de l’âme elle-même sans participation du corps.

SOCRATE

Tu as bien compris. Je pense, en effet, autant que j’en puis juger, que dans ces deux sentiments, qui sont purs l’un et l’autre, à ce qu’il semble, et ne sont pas un mélange de plaisir et de douleur, nous verrons clairement, en ce qui regarde le plaisir, si le genre entier mérite d’être recherché, ou si cet avantage doit être attribué à un autre des genres énumérés plus haut, ou si le plaisir et la douleur, comme le chaud, le froid et toutes les choses analogues, sont tantôt désirables, tantôt indésirables, parce que ce ne sont pas des biens, quoique certains d’entre eux, en certaines rencontres, participent à la nature des biens.

PROTARQUE

Tu as parfaitement raison de dire que c’est sur cette voie qu’il faut donner la chasse à l’objet que nous poursuivons en ce moment.

SOCRATE