Eh bien, voici ce qui a lieu, dans ces cas-là : c’est que les plaisirs et les peines existent en même temps et que les sensations de ces plaisirs et de ces peines qui sont opposés sont présentes côte à côte et simultanément, comme nous l’avons montré tout à l’heure.
Nous l’avons montré en effet.
N’avons-nous pas dit encore autre chose, dont nous avons reconnu la vérité d’un commun accord ?
Quelle chose ?
Que le plaisir et la douleur admettent tous deux le plus et le moins et appartiennent au genre de l’infini ?
Nous l’avons dit. Et après ?
Eh bien, quel est le moyen de bien juger de ces objets ?
Par où et comment en juger ?
Quand nous voulons en juger, ne nous proposons-nous pas toujours de discerner en ces sortes de choses laquelle est comparativement la plus grande ou la plus petite, la plus intense et la plus violente, en opposant peine à plaisir, peine à peine et plaisir à plaisir ?
Oui, ces différences-là existent et c’est bien de quoi nous voulons juger.
Mais quoi ! s’il s’agit de la vue, à voir les objets de trop loin ou de trop près, on s’abuse sur leur taille réelle, et on en forme de faux jugements. Mais s’il s’agit de peines et de plaisirs, la même chose n’arrive-t-elle pas ?
Beaucoup plus encore, Socrate.