Page:Platon - Sophiste ; Politique ; Philèbe ; Timée ; Critias (trad. Chambry), 1992.djvu/330

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Alors ce que nous disons à présent est le contraire de ce que nous disions tout à l’heure.

PROTARQUE

Que veux-tu dire ?

SOCRATE

Là, ces opinions, selon qu’elles étaient fausses ou vraies, communiquaient ces mêmes qualités aux douleurs et aux plaisirs.

PROTARQUE

Cela est très vrai.

SOCRATE

Ici, par le fait que les plaisirs et les douleurs semblent changer selon l’éloignement ou la proximité, si on les compare les uns aux autres, les plaisirs vis-à-vis des douleurs paraissent plus grands et plus violents, et les douleurs à leur tour, par comparaison avec les plaisirs, varient à l’inverse d’eux.

PROTARQUE

C’est forcé, pour les raisons que tu en as données.

SOCRATE

Tous les deux apparaissent donc plus grands ou plus petits qu’ils ne sont en réalité. Or, si tu leur retranches à l’un et à l’autre ce qui paraît, mais n’est pas, tu ne prétendras pas que cette apparence est vraie, et tu n’auras pas non plus le front de soutenir que la partie du plaisir et de la douleur qui en résulte est vraie et réelle.

PROTARQUE

Non, en effet.

SOCRATE

Nous allons voir, après cela, si, en suivant cette route, nous ne rencontrerons pas des plaisirs et des douleurs encore plus faux que ceux qui paraissent et existent dans les êtres vivants.

PROTARQUE

Quels plaisirs et quelle route veux-tu dire ?

SOCRATE

XXVI. — Nous avons dit souvent, n’est-ce pas, que lorsque la nature d’un animal s’altère par des concrétions et des dissolutions, par des réplétions et des évacuations,