Page:Pline le Jeune - Panégyrique de Trajan, trad. Burnouf, FR+LA, 1845.djvu/196

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vant l’être un jour. À la vérité, il ignore qu’il le sera ; mais les destins le savent, et ils lui ont donné les qualités propres a ce haut rang. Dans le langage du panégyriste, il fut donc toujours empereur, par son mérite avant d’être adopté, par son pouvoir après son adoption. Schwartz est loin du sens, lorsque, pour expliquer imperatorem futurum, il parle de la modestie d’un homme qui aspire aux honneurs, et qui se montre humble, réservé, actif, vigilant, jusqu’à ce qu’il y soit parvenu. On voit aussi combien le brevi, que l’on avait introduit dans le texte malgré les mss., et que nous avons rejeté, dénaturait la pensée. À présent, que dire de cette pensée elle-même, sinon qu’elle est juste dans le fond, subtile et recherchée dans la forme ?

4. Alterius principis. Domitien fit plusieurs voyages tant en Germanie qu’en Pannonie. Le mot nuper, qui procède, fait voir qu’il est ici question de la dernière expédition sur le Danube, d’où Domitien revint après avoir payé fort cher à Décébale une paix déshonorante (cf. XI, 5). C’est donc aussi de Pannonie que Trajan partit pour revenir à Rome.

5. Edicto subjecisti. Selon Juste-Lipse, Pline veut dire qu’au bas de l’édit où Trajan rendait compte des opérations de la campagne, ou plutôt de la paix maintenue sur les frontières, il ajouta (subjecit) l’état des dépenses de son voyage et de celui de Domitien.

6. Sciant « tanti tuum constat. » Telle est la leçon de nos 3 mss. Schwartz la croit altérée, et il est possible qu’elle le soit. Il cite un ms. de Padoue, qui, au lieu de tanti tuum, porte seulement tm, que Schwartz lit tamen. Il constitue ainsi la phrase dans ses notes : Futuri principes, velint, nolint, sciant tamen, propositisque duobus exemplis meminerint, etc., c’est-à-dire, sciant et meminerint. Il met dans son texte : sciant : Tanti constat ! propositisque, etc. L’éd. de S. G. lit sciant tantum constat. Sans m’arrêter aux diverses conjectures, qui sont nombreuses, j’ai dû expliquer le texte, tel qu’il est dans nos mss. et dans Gesner et Schæfer. Je fais rapporter tuum, non à Trajan, mais aux princes qui voyageront par la suite. L’auteur veut que chacun d’eux s’entende dire : « Voilà ce que coûte ton voyage. » Je ne crois pas forcer beaucoup le sens de sciant : « qu’ils sachent ; qu’ils apprennent de leur intendant ; qu’ils leur entendent dire, tanti tuum (sc. iter) constat. C’est d’ailleurs le seul moyen