Page:Pline le Jeune - Panégyrique de Trajan, trad. Burnouf, FR+LA, 1845.djvu/201

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heureux. » Ou, si l’on aime mieux, ce sera secunda et adversa dont il faudra compléter le sens : « la prospérité obtenue prouve que l’on est heureux ; l’adversité courageusement supportée prouve que l’on est grand. »

3. Discatigitur Ægyptus, etc. Tout le reste de ce chapitre est plein d’une exagération qui va jusqu’à la fausseté. Eh quoi ! Rome peut se passer de l’Égypte, l’Égypte ne peut se passer de Rome ! Ce n’est pas ainsi que parle Tacite, quand il dit que l’Italie dépend de secours étrangers, et que la vie du peuple romain flotte chaque jour à la merci des vents et des tempêtes (Ann. III, 54 ; XII, 43 ; et les not., t. II ; p. 412 et 538.) La seule excuse de Pline, c’est que Rome avait d’autres provinces encore d’où elle tirait des blés ; mais l’Égypte n’en était pas moins le principal grenier de l’empire.

6. Nec maligna tellus ; et obsequens Nilus, etc. C’est-à-dire, et non maligna tellus est ; et obsequens Nilus sæpe fluxit largior Ægypto, nunquam fluxit largior gloriæ nostræ. Rollin, d’après le P. Bouhours, cite ce trait pour en faire remarquer la délicatesse.

XXXII. 2. Quanto libertate discordi servientibus sit utilius, etc. Dans la première édition, j’écrivais libertati (au datif) et je traduisais : « Les nations… apprennent combien les hommes, esclaves d’une liberté qui les divise, gagnent à être réunis sous les lois d’un seul maître. » La note suivante, à laquelle je ne change rien, montrera pourquoi je lis aujourd’hui libertate : « Je ne dois pas cacher que les mss. portent libertate, et que j’emprunte libertati à Gesner et à Schæfer. Schwartz défend l’ancienne leçon, mais il l’explique d’une manière peu satisfaisante. Selon lui, libertati discordi est un ablatif absolu, qui équivaut à libera sed discordi republica ; et la phrase signifie : « pour des hommes qui, vivant dans des républiques agitées par la discorde, sont esclaves tout en se croyant libres, l’esclavage sous un seul maître est infiniment préférable. » Ce sens n’est pas différent de celui que j’ai suivi ; mais il m’en vient un outre, que je crois tout nouveau, et qui pourrait bien être le véritable : il a d’ailleurs l’avantage de conserver libertate, et de le construire avec le comp. utilius : « Les nations, recevant Tune de l’autre tout ce qui peut être produit ou désiré quelque part, apprennent combien les