Page:Pline le Jeune - Panégyrique de Trajan, trad. Burnouf, FR+LA, 1845.djvu/202

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sujets de l’empire sont plus heureux sous les lois d’un seul maître, que parmi les divisions qu’enfante la liberté. » Remarquons que, par liberté, il faut entendre surtout l’indépendance nationale ; et qu’il s’agit des divisions des peuples entre eux, plutôt que des querelles civiles et domestiques. Or, on ne peut nier que l’empire, en confondant tous les états dans sa grande unité, n’eût fait cesser les luttes de peuple à peuple. En expliquant servientibus par les sujets de l’empire, on ne trouve plus de contradiction dans les termes, et on ne se demande plus, avec Juste-Lipse, si in libertate, quomodo servirent ? Je regrette maintenant d’avoir cédé à l’autorité de deux habiles critiques, et de n’avoir pas rétabli libertate dans le texte. » — Voilà ce que j’écrivais sur ce passage en 1834. J’ajouterai seulement aujourd’hui que servientes, dans le sens que je lui donne, n’est pas plus extraordinaire que parentes dans Salluste, Jug. 102 (parentes abunde habemus). La chose est la même ; l’expression seule est différente. Au temps de Pline, les idées monarchiques avaient fait des progrès ; et ce que sous la république on appelait obéir, il n’est pas étonnant que sous le quatorzième empereur on l’appelât servir. N’avons-nous pas vu déjà (p. 171) le mot subjectus employé exactement comme le français sujet ? XXXIII. 2. Omni affectione, etc. J’ai traduit, « inaccessiblc ou supérieur à toute prévention ; » peut-être aurais-je dû dire, « à tout sentiment de partialité. » L’empereur, comme le peuple, favorisait souvent tel gladiateur au préjudice de tel autre. Suétone, Tit. 8, nous apprend même que Titus ne cachait pas sa préférence pour ceux qu’on appelait Thraces, Studium armaturœ Thracum prœ se ferens, mais que cette faveur n’allait jamais jusqu’à blesser la justice. 3. ISemo e spectatore spectaculum factus. Caligula (Suél., 35) força un spectateur, Êsius Proculus, à descendre dans l’arène et à combattre successivement contre deux gladiateurs. Le malheureux Proculus, après être sorti ainqueur de cette lutte affreuse, fut revêtu de haillons, promené par la ville, puis égorgé par l’ordre du tyran. Domilicn (Suét. 10) arracha de sa place un autre spectateur, coupable d’une plaisanterie innocente, et le fit déchirer par des chiens au milieu de l’arène.