Page:Pline le Jeune - Panégyrique de Trajan, trad. Burnouf, FR+LA, 1845.djvu/31

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fils du prince, César, empereur, associé à la puissance tribunitienne, vous avez dès le premier instant reçu tous les titres que naguère un père véritable ne conféra qu’à un seul de ses enfants.

IX. C’est un témoignage éclatant de votre modération, qu’un prince vous ait désiré, je ne dis pas seulement pour successeur, mais pour collègue et pour associé. Car un successeur, on n’est pas maître de ne point en avoir ; on est maître de n’avoir pas de collègue. La postérité croira-t-elle que le fils d’un patricien, d’un consulaire, d’un triomphateur, à la tête d’une armée courageuse, puissante, et dévouée à sa personne, ait été fait empereur autrement que par cette armée ? que, commandant en Germanie, ce soit d’ici qu’il a reçu le nom de Germanique ? qu’il n’ait rien projeté, rien fait pour devenir empereur, si ce n’est de le mériter et d’obéir ? Car vous avez obéi, César, et c’est par soumission que vous êtes monté à ce haut rang. Jamais les sentiments d’un sujet n’éclatèrent plus vivement en vous que le jour où vous cessâtes de l’être. Déjà empereur, et César, et Germanicus, absent vous ignoriez vos grandeurs, et avec ces titres pompeux vous étiez encore, autant qu’il était en vous, un simple citoyen. Ce serait beaucoup si je disais : « Vous n’avez pas su que vous seriez empereur ; » vous l’étiez, et vous ne le saviez pas. Quand votre élévation vous fut annoncée, vous eussiez voulu garder votre ancienne fortune ; mais la liberté vous en était ravie. Le moyen qu’un citoyen n’obéit pas à un prince, un lieutenant à son général, un fils à son père ? Où serait la discipline ? Où serait le principe établi par nos ancêtres, d’accepter avec une âme soumise et empressée toutes les charges que nos chefs nous imposent ? Et si l’empereur vous avait fait passer d’une province dans une autre, d’une guerre à une autre guerre ? Pensez qu’il vous rappelle pour gouverner l’empire, du même droit qu’il vous envoya commander une armée, et que c’est chose indifférente qu’il vous ordonne de partir lieutenant ou de revenir prince, si ce n’est que l’obéissance est plus glorieuse quand l’ordre nous est moins agréable.

X. L’autorité du commandement s’accroissait à vos yeux de tous les périls qu’elle courait ailleurs ; et ce que les autres lui refusaient de soumission vous semblait un motif de redoubler la vôtre. Ajoutez les acclamations du sénat et du peuple, qui