Page:Pline le Jeune - Panégyrique de Trajan, trad. Burnouf, FR+LA, 1845.djvu/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vous étaient répétées. Ce n’est pas la voix seule de Nerva qui a prononcé votre élection : le monde entier l’appelait de ses vœux. Le prince a seulement usé de l’initiative attachée à son rang ; il a fait le premier ce que tous n’auraient pas manqué de faire. Non, une approbation si générale ne suivrait pas une action que le désir général n’aurait pas précédée. Mais par quels ménagements, grands dieux, vous avez tempéré l’éclat de votre puissance et de votre fortune ! Inscriptions, images, étendards, tout vous proclamait empereur ; modestie, travail, vigilance, tout vous montrait général, lieutenant, soldat ; alors que vous marchiez d’un pas infatigable devant des drapeaux et des aigles qui déjà étaient les vôtres, et que, vous réservant, pour tout privilège d’une illustre adoption, les pieux sentiments et la respectueuse tendresse d’un fils, vous faisiez des vœux pour en porter le nom pendant de longues et glorieuses années. La providence des dieux vous avait élevé à la première place : vous souhaitiez de rester, de vieillir à la seconde ; vous vous regardiez comme un homme privé, tant qu’un autre serait empereur avec vous. Vos prières ont été exaucées, mais dans la mesure qui convenait aux intérêts du meilleur et du plus saint des vieillards. Le ciel l’a redemandé à la terre, afin qu’après cette œuvre immortelle et divine, aucune œuvre mortelle ne sortît plus de ses mains. Cet honneur était dû en effet à la plus grande des actions, qu’elle fût aussi la dernière ; et il fallait que l’apothéose en consacrât immédiatement l’auteur, pour que la postérité mît un jour en question s’il n’était pas déjà dieu à l’heure où il la fit. Ainsi, le père des Romains, et leur père à ce titre surtout qu’il était le vôtre, Nerva, plein de gloire et brillant de renommée, après avoir éprouvé au gré de son désir combien l’État reposait solidement appuyé sur vous, a laissé en héritage le monde à vous, et vous au monde ; prince cher à nos souvenirs, et à jamais regrettable par les mesures mêmes qu’il avait prises pour n’être pas regretté.

XI. Vous l’avez pleuré d’abord, comme un fils devait le faire ; ensuite vous lui avez élevé des temples, sans imiter ceux qui, dans des vues différentes, tinrent la même conduite. Tibère dressa des autels à Auguste, mais pour donner lieu à des accusations de lèse-majesté ; Néron à Claude, mais par dérision ; Titus à Vespasien, et Domitien à Titus, mais afin de paraître celui-là le fils, et celui-ci le frère d’un dieu. Vous, César, quand