Page:Pline le Jeune - Panégyrique de Trajan, trad. Burnouf, FR+LA, 1845.djvu/37

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saisons parait interverti : l’ennemi se cache, emprisonné dans ses repaires ; nos légions parcourent les rives dégarnies, prêtes, si vous le permettiez, à s’emparer des avantages d’autrui, et à prendre l’hiver des barbares pour allié contre les barbares.

XIII. Voilà quel respect votre nom imprime aux ennemis. Dirai-je l’admiration des soldats, et par quel art vous sûtes l’acquérir ; lorsque vous supportiez avec eux et la faim et la soif ; lorsque, dans ces exercices qui sont une étude de la guerre, le simple légionnaire voyait son général, couvert ainsi que lui de poussière et de sueur, ne différer des autres que par la vigueur et l’adresse ; lorsque, bannissant toute contrainte de ces jeux guerriers, vous lanciez tour à tour et attendiez les javelots, applaudissant à la bravoure des soldats, et joyeux toutes les fois qu’un coup un peu rude heurtait votre casque ou votre bouclier (car en frappant on s’attirait vos éloges ; vous vouliez qu’on osât, et on finissait par oser) ; lorsqu’enfin, témoin des combats et arbitre des braves, vous aimiez, avant la lutte, à égaler leurs armes, à essayer leurs traits, et, si une javeline leur semblait trop pesante, à la darder vous-même ? Que dirai-je encore ? on trouvait auprès de vous consolation dans les fatigues, secours dans les maladies. Jamais on ne vous vit entrer dans votre tente sans avoir visité celles de vos compagnons d’armes, ni donner du repos à votre corps, si ce n’est après tout le monde. Moins d’admiration me paraîtrait due à de si belles qualités, si le général qui les possède vivait parmi les Fabricius, les Scipions, les Camilles. Une noble émulation, sans cesse réveillée par quelque vertu plus grande, enflammerait son ardeur. Mais depuis que l’art de manier les armes, dégagé de peine et de travail, est devenu un spectacle et un amusement ; depuis que ce n’est plus quelque vétéran décoré de la couronne civique ou murale, mais je ne sais quel maître venu de Grèce, qui préside à nos exercices ; honneur à celui qui est resté seul attaché aux mœurs et aux vertus antiques ; qui, sans émule et sans modèle, ne dispute qu’avec lui-même de mérite et de gloire, et qui, dans un empire où il commande seul, a seul au commandement des droits incontestables !

XIV. Votre berceau, César, votre première école, ne furent-ils pas les travaux guerriers ? Encore enfant, vous cueilliez chez les Parthes des lauriers qui ajoutaient à la gloire de votre père, et dès cette même époque vous acquériez des titres au