Page:Pline le Jeune - Panégyrique de Trajan, trad. Burnouf, FR+LA, 1845.djvu/5

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souvent, dans les Notes, de critiquer, avec le respect dû à un beau génie, des passages où se révèle trop l’homme accoutumé, sous la longue tyrannie de Domitien, au langage de la servitude. Des censeurs, qui n’ont peut-être pas assez tenu compte de cette circonstance, l’ont jugé avec une extrême rigueur. Un des plus célèbres écrivains dont l’Italie s’honore, Alfieri, comme pour témoigner le peu de cas qu’il faisait du Panégyrique de Pline, a pris la peine d’en composer un tout différent, qu’il suppose avoir traduit d’un manuscrit latin récemment découvert. Le consul, dans l’écrit du sévère Italien, conseille sans détour à l’empereur de licencier toutes les armées, d’abdiquer le pouvoir, et de rétablir la république. Les moyens d’accomplir une œuvre si grande, il promet plusieurs fois de les exposer, et il ne les expose pas. Mais l’âge d’or n’a rien de comparable aux félicités dont Rome et le monde jouiront, et jouiront à jamais, dès que cette merveilleuse révolution sera opérée. Une sécurité inaltérable régnera dans tout l’empire dès qu’il n’y aura plus de légions ni de cohortes prétoriennes. Déjà les bonnes mœurs refleurissent, et les temps des Fabricius et des Cincinnatus renaissent comme par enchantement. Car la vertu républicaine (c’est Alfieri qui le dit) est fille plutôt que mère de la liberté.

Pline, sans faire de si hautes promesses, enseigne au prince comment il faut user, dans l’intérêt public, d’une puissance illimitée. Il lui montre son bonheur attaché au bonheur des citoyens ; il lui fait haïr la tyrannie en opposant continuellement, aux vertus qui lui concilient l’amour et l’admiration