Page:Pline le Jeune - Panégyrique de Trajan, trad. Burnouf, FR+LA, 1845.djvu/6

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des hommes, les vices et les forfaits qui attirèrent à Domitien l’exécration du genre humain. Pline ne rêve point le retour impossible des institutions qui ne sont plus : il sait qu’on ne remonte pas le torrent des âges ; mais il remercie les dieux d’avoir accordé aux Romains un prince accompli ; il les prie d’ajouter à un si beau présent le bienfait de la durée ; et lui-même il travaille à le perpétuer, autant que cela est en lui, en laissant eux empereurs futurs de grandes leçons appuyées d’un grand exemple. Pline comprenait, avec regret sans doute, mais il comprenait enfin que Rome, telle que le temps, ses conquêtes et ses vices l’avaient faite, n’avait plus rien à souhaiter de mieux qu’un bon despote : Alfieri, écrivant en 1787, était préoccupé des idées républicaines qui fermentaient alors dans toutes les têtes, et qui ouvraient aux illusions généreuses une carrière sans bornes. Au reste, ce qui me porterait à croire que son éloquente déclamation n’est pas aussi sérieuse qu’elle affecte de le paraître, c’est la réflexion par laquelle il la termine. « On rapporte, dit-il, que Trajan et le sénat furent attendris jusqu’aux larmes : mais l’empire n’en resta pas moins à Trajan, et la servitude à Rome, au sénat et à Pline lui-même. »

Parlerai-je à présent du style du Panégyrique ? Pline admirait Cicéron, il lui faisait même quelquefois des emprunts ; mais sa manière était différente. Les formes de l’éloquence n’étaient pas moins changées que celles du gouvernement ; ou plutôt il ne restait qu’une image et une ombre de l’ancienne éloquence. Au lieu de ce Forum orageux et pas-