Page:Pline le Jeune - Panégyrique de Trajan, trad. Burnouf, FR+LA, 1845.djvu/7

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sionné où se discutaient, sous la république, les droits ou les prétentions des grands, du peuple et des provinces, l’orateur n’avait pour théâtre que le tribunal des centumvirs, ou un auditoire composé d’amis bienveillants, venus pour entendre réciter une œuvre purement littéraire. C’est dans une de ces réunions, si fréquentes à Rome depuis que la tribune était muette, que Pline lut son Panégyrique. La lecture ne fut achevée que le troisième jour, et elle eut un succès éclatant. Pline, dans la même lettre où je puise ces détails, remarque avec satisfaction que les endroits les plus sévèrement écrits n’obtinrent pas moins d’applaudissements que les passages où il avait semé le plus de fleurs. Mais en même temps il compte sur l’effet de ces derniers auprès du public qui lira son ouvrage, et il confesse naïvement qu’il s’est abandonné à sa verve, et qu’il ne s’est pas interdit les agréments et les parures de la diction. Le lecteur, en effet, parmi une foule de pensées neuves, justes et finement exprimées, en trouvera d’autres dont la recherche et la subtilité 11e soutiennent pas le regard de la critique et ne peuvent être avouées par le bon goût. J’en ai fait remarquer plusieurs dans les Notes, afin de prémunir les jeunes gens contre la contagion de ces vices agréables.

Mais, si l’on est en droit de blâmer des antithèses peu naturelles, de trop longs développements, des traits d’esprit semés jusqu’à la profusion, au moins le style est pur, l’expression élégante, et la langue maniée avec une délicatesse digne du meilleur siècle. Il y a aussi des morceaux pleins de mouvement, de