Page:Pline le Jeune - Panégyrique de Trajan, trad. Burnouf, FR+LA, 1845.djvu/8

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force et d’énergie, où la diction s’élève avec la pensée, et où l’auteur, inspiré par son sujet, rencontre la véritable éloquence. C’est alors qu’il intéresse d’autant plus qu’il paraît moins occupé de plaire.

La plus ancienne traduction française du Panégyrique de Trajan est celle de Jacques Bouchart, qui parut en 1632 : elle suit le texte d’assez près ; et le langage, un peu vieux, a une naïveté qui plaît quelquefois. L’année suivante, Pilet de la Mesnardière en publia une nouvelle. Il déclare, dans sa préface, qu’il a pris la liberté de mêler souvent ses pensées à celles de l’auteur, et d’ajouter quelques grâces qu’il a tirées du sujet, aux grâces diverses dont brillait partout le discours ; aussi son ouvrage est-il une paraphrase qui n’a de commun avec l’original que le titre et la matière.

L’abbé Esprit jugea donc avec raison que le Panégyrique était encore à traduire, et sa version, qui porte la date de 1677, est rédigée d’après un système tout différent, et dans un style qui ne manque pas de naturel. Mais l’abbé Esprit ne savait pas assez le latin : je ne citerai qu’un seul de ses contresens. Pline, en parlant des spectacles de gladiateurs donnés par Trajan, dit : Quam deinde in edendo liberaliatem exhibuit ! ce que le traducteur rend par ces mots : « Quelle magnificence ne fit-il pas voir dans les festins dont il régala les gladiateurs ! »

Enfin parut en 1709 la traduction de Louis de Sacy, qui a effacé toutes les autres, et qui est la seule qu’on lise encore de nos jours. Le comte Coardi de Quart en fit cependant imprimer une à Turin,