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XXX
PRÉFACE.

mis de la religion nouvelle. Ce serait là encore une erreur, que l’étude des Ennéades, aussi bien que celle de l’histoire de cette époque, viendrait facilement détruire.

Il est vrai qu’après Plotin, l’École d’Alexandrie, Porphyre à sa tête, se signala par son acharnement contre le christianisme ; mais il serait injuste d’envelopper notre philosophe dans l’accusation justement portée contre ses successeurs. Ce n’est que longtemps après la mort de son maître que Porphyre engagea cette polémique qui a rendu son nom si fameux. Quant à Plotin, on ne trouve pas dans ses écrits une seule ligne qui soit dirigée contre les Chrétiens (car nous avons prouvé que le livre Contre les Gnostiques ne les concerne en rien[1], pas plus qu’on ne trouve dans sa vie, écrite par Porphyre lui-même, un seul acte qui leur soit hostile. Bien plus, ce philosophe n’est cité par les Pères qu’avec une estime presque égale à celle que professaient pour lui les écrivains païens. Saint Augustin qui, de même que ces derniers, lui décerne le nom de grand[2], croit trouver en lui un autre Platon : « Cette voix de Platon, dit-il, la plus pure et la plus éclatante qu’il y ait dans la philosophie, s’est retrouvée dans la bouche de Plotin, tellement semblable à lui que l’un semble ressuscité dans l’autre[3]. » En plusieurs endroits, notamment dans la démonstration de la Providence, le même Père s’appuie de l’autorité de Plotin[4]. D’autres Pères de l’Église, qui n’ont pas une autorité moindre, le citent également avec honneur ou même lui font des emprunts importants[5]. Du reste, cette affinité du Platonisme avec le Christianisme était reconnue universellement dans les premiers siècles, et les propaga-

  1. Voy. les Notes sur le livre IX de la IIe Ennéade, contre les Gnostiques.
  2. « Ce grand platonicien, etc. » Voir le passage entier, p. 263 de ce volume, note.
  3. Contra Academicos, III, 41. Voy. le texte de ce passage p. 493 de ce vol., note 4.
  4. Voy. ce passage cité ci-après, p. 304.
  5. Voy. ci-dessus, p. XXVIII, et ci-après, p. XXXII.