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SAINT BASILE.

tout entière à chacun, elle est partout présente tout entière (1). Elle se divise en demeurant impassible, et elle se communique en restant entière (2), semblable à la lumière du soleil, laquelle est présente à celui qui en jouit comme s’il était seul, et cependant éclaire la terre et la mer et pénètre l’air (3). De même l’Esprit-Saint est présent à chacun de ceux qui le reçoivent comme s’il était seul, et cependant il verse sur tous une grâce suffisante qui ne se fractionne pas. Ceux qui participent à l’Esprit-Saint ne reçoivent pas de lui tout ce qu’il peut donner, mais seulement ce que comporte leur propre nature (4).


PLOTIN.

(1) Il y a ainsi une foule d’êtres qui aiment une seule et même chose, qui l’aiment tout entière, et qui, lorsqu’ils la possèdent, la possèdent tout entière dans la mesure où ils en sont capables : car c’est tout entière qu’ils souhaitent la posséder. Pourquoi donc cet Être ne suffirait-il pas seul à tous en demeurant en soi ? Il suffit précisément en demeurant en soi : il est beau, parce qu’il est tout entier présent à tous (Enn. VI, liv.  V, § 10 ; t. III, p. 355.)

(2) L’Âme est à la fois divisée et indivise ; ou plutôt, elle n’est jamais divisée réellement, elle ne se divise jamais : car elle demeure tout entière en elle-même. Si elle semble se diviser, ce n’est que par rapport aux corps, qui, en vertu de leur propre divisibilité, ne peuvent la recevoir d’une manière indivisible. (Enn. IV, liv.  II, § 1 ; t. II, p. 257.)

(3) On regarde comme présents à l’Être intelligible les êtres qui sont capables de le recevoir. L’Être existe partout dans ce qui est être, ne se manquant ainsi nulle part à lui-même. Tout ce qui peut lui être présent lui est présent dans la réalité, lui est présent, dis-je, dans la mesure où il le peut, non d’une manière locale, mais comme le diaphane est présent à la lumière. (Enn. VI, liv.  IV, § 11 ; t. III, p. 326.)

(4) Puisque l’Être intelligible ne s’éloigne pas de lui-même, qu’il n’est pas divisé, qu’il existe dans plusieurs choses à la fois sans en éprouver aucun changement, qu’il existe en lui-même un et tout entier à la fois, il doit, tout en existant dans plusieurs choses, rester partout identique, c’est-à-dire être tout à la fois en lui-même et hors de lui-même. Il en résulte qu’il n’est en nulle chose déterminée, mais que les autres choses participent de lui, en tant qu’elles