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LA VICTOIRE

Avec le général Pütz, départ en auto. Nous nous arrêtons à Bergues, ou du moins à peu de distance. Je passe en revue quelques éléments de la 133e division restés à un centre d’instruction et composés de classes très mélangées, y compris déjà beaucoup de jeunes gens de la classe 18.

La 133e division s’est engagée aujourd’hui aux côtés de l’armée anglaise du général Plumer, au nord et à l’est de Bailleul.

La 28e division est également en ligne. La 34e est en cours de débarquement. Nous avons, en outre, trois divisions de cavalerie.

Comme je vais reprendre ma route pour la Belgique passe le général Foch, auquel j’avais dit avant-hier que je viendrais voir le roi. Il arrête son auto et vient causer sur la route avec moi. Il est toujours très confiant malgré le nouveau recul anglais. Il se rend à Houthen, grand quartier général belge, pour y voir le nouveau chef d’état-major général belge, le général Gillain, qui remplace le général Rucquoy.

Les Anglais sont en train d’abandonner le saillant de Passchendaele qu’ils ont eu tant de mal à conquérir et ils se replient au-devant d’Ypres. Ils voudraient que les Belges leur relevassent une division au moins et peut-être deux. Le général Foch a l’intention d’appuyer cette demande. Il est sûr, croit-il de la faire accepter.

Foch est, en outre, préoccupé de voir que l’armée belge n’a plus laissé que des avant-postes sur l’Yser et qu’elle se prépare à abandonner trop facilement cette ligne en cas d’attaque pour se replier sur le canal de Loo. Il estime qu’on peut et qu’on doit défendre la ligne de l’Yser.

Je quitte Foch, je remonte en auto et je me rends à la nouvelle résidence du roi : c’est une grande ferme située en pays plat, avec une villa d’habi-