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LA VICTOIRE

d’envoyer Berthelot en Amérique pour y traiter la question de l’amalgame des troupes américaines avec les nôtres, je m’entretiens de ce sujet avec le général. Il juge que cet amalgame est indispensable pour plusieurs mois de façon à former le commandement et les états-majors.

Lautier, qui se confine de plus en plus dans les Landes, me raconte finement que tous les soirs il y a une réunion au ministère de l’Intérieur entre Pams, Fabre, Mandel et Ignace. Lui-même, Lautier, prend quelquefois part à ces causeries. Il déclare qu’Ignace ressemble maintenant à un inquisiteur ou à un prophète d’Israël, mais il ne conteste ni sa droiture, ni sa probité.

William Martin me signale un article paru, il y a quelques jours, dans le Manchester Guardian et qui semble avoir été fait sur de faux renseignements donnés par des membres de la Commission des Affaires étrangères. D’après cet article, j’aurais offert la Silésie à l’empereur d’Allemagne en échange de Trieste et du Trentin. Rien que ça.

D’après un déchiffrement, le prince de Ratibor rend compte à son gouvernement que le roi d’Espagne a reçu le prince Sixte et son frère. D’après les déclarations qu’aurait faites le roi à l’ambassadeur d’Autriche, le prince Sixte aurait tenu à être reçu par le roi afin que celui-ci l’aidât à sortir de la situation fausse dans laquelle il se trouve à la suite de la publication de sa lettre. Le roi n’aurait pas accédé à cette dernière demande. À la suite des déclarations de Sa Majesté, l’ambassadeur d’Autriche conclut que le roi aurait l’impression suivante : 1o que le prince Sixte avait agi contre la volonté de l’empereur Charles à qui il aurait promis de ne pas mettre sa lettre entre des mains étrangères ; 2o que Poincaré et Ribot auraient, en présence du prince, pris des extraits de la lettre ; 3o que la publication française ne