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MUTATIONS ET REMPLACEMENTS

ment et d’arracher Pétain à ses préoccupations d’excessive bienveillance. Je suis parti à la première heure pour aller voir Foch. J’avais causé avant-hier avec Humbert. Il s’était plaint de la faiblesse du général de Cadoudal. Pétain m’avait offert, après beaucoup d’hésitations, la tête de Putz et de Bazelaire, mais il y avait quelques autres exécutions nécessaires. J’apportai donc à Foch une liste que j’examinai avec lui. Nous tombâmes d’accord sur tous les noms et nous nous rendîmes ensemble chez Pétain. La première mesure à prendre était de le débarrasser d’Anthoine. Cela n’a pas été tout seul, mais il a fini par consentir. Il donnera à Anthoine la succession de Franchet d’Esperey et il le remplacera comme chef d’état-major général par Berthelot, à qui j’ai télégraphié de voir Wilson le plus tôt possible et de revenir. J’enverrai Micheler en mission en Amérique. Foch et Pétain disent tous deux qu’il perd la tête aux heures critiques, qu’on ne peut plus avoir confiance en lui. Cela va mécontenter Dubost, mais l’intérêt de l’armée avant la politique. Je convoque Micheler pour demain et je lui représenterai sa mission comme extrêmement importante. Tant pis pour Dubost. Il n’est pas ministre responsable. Micheler sera remplacé à la tête de son armée par Maistre.

« Reste Duchesne. Abel Ferry m’écrit à son sujet que, même injuste, une mesure devrait être prise contre lui pour répondre au sentiment de l’armée. Mais renseignements pris, la mesure me paraît juste. Des fautes ont été commises, Duchesne perdra le commandement de son armée. Je lui laisserai celui d’un corps d’armée. Il sera remplacé par Mangin. De Maud’huy ne sera pas remplacé après son congé. Il faut que les chefs aient la sensation qu’on ne tolère en ce moment aucune erreur. »