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L’AFFAIRE MALVY

aucune existence légale. On pourrait mécontenter d’autres organisations tchèques. Mieux vaudrait entrer en relations avec ce comité et, au besoin, l’aider pécuniairement. Il serait peut-être prudent, d’ailleurs, de prévenir le président Wilson et de lui demander s’il a des objections. Clemenceau et Pichon se rangent à cet avis. Nail me dit à demi-voix qu’il me communiquera le réquisitoire de Mérillon dans l’affaire Malvy. Il conclut aux poursuites pour complicité de crimes de droit commun.

Claveille et Jeanneney ont une longue discussion au sujet du traité Cotelle (transports militaires par les compagnies) qui vient à expiration aujourd’hui et qu’il s’agit de proroger, malgré le refus des colonies. Claveille trouve que ce traité ne rémunère pas suffisamment les compagnies et qu’elles obtiendraient certainement du Conseil d’État des indemnités supplémentaires. Mais finalement il ne s’oppose pas à ce qu’on le proroge. Il déclare seulement que l’application donnera lieu à des procès ultérieurs, où l’État sera condamné.

Les Allemands annoncent 20 000 prisonniers sur l’Oise, après les 50 000 de l’Aisne.

Verlot et Queuille, députés, qui s’intéressent aux œuvres de rééducation des mutilés, voudraient acheter un hôtel à Paris pour y installer leurs services.


Mercredi 12 juin.

Mérillon apporte son réquisitoire à Sainsère. Il conclut aux poursuites pour complicité du crime visé par l’article 77, mais il donne à entendre en plusieurs passages que l’auteur principal est Caillaux. L’argumentation, dans l’ensemble, paraît, d’ailleurs, un peu frêle. Les conversations avec Daudet sont, du reste, écartées.