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la victoire

Le bombardement, interrompu pendant trois heures, reprend à cinq heures et continue de vingt en vingt minutes environ. Je me rends encore sur le quai de Grenelle, où il y a trois blessés, et près du Panthéon.

Jeanneney m’apporte enfin le dossier de la bataille de l’Aisne. Il conclut à la nomination d’une commission d’enquête officieuse, composée de généraux et de civils, membres ou présidents des commissions parlementaires de l’armée, et destinée à éclairer le président du Conseil. Je lui déclare que je ne suis pas favorable à cette procédure anormale, qui déplace les responsabilités, risque de mêler la politique aux questions militaires et mécontentera sans doute l’armée.


Mardi 16 juillet.

Conseil des ministres. « Affaires courantes ». Clemenceau ne traite aucune question. Pichon lit quelques télégrammes. Boret fait signer un décret supprimant, à partir du 20, le système des trois jours de viande, le ravitaillement étant devenu meilleur. Sembat vient, à son tour, me prier de recevoir Kerensky. Il trouve que Clemenceau et Pichon l’ont accueilli trop fraîchement et l’ont froissé en parlant avec insistance de la Russie neutre. Il voudrait, comme Albert Thomas, que l’on reconnût un Comité national russe. Je lui indique les difficultés rencontrées jusqu’ici pour mettre d’accord les Russes qui se disent prêts à rentrer en guerre.

Le général Pau, qui accompagne Métin en Australie, vient me faire ses adieux.

Me Magnan, avocat, me demande la grâce de Duval. Je lui réponds qu’elle est impossible.

Les nouvelles du front paraissent moins bonnes. Du reste, dès hier, les Allemands ont fait 13 000 prisonniers et nous cédons, dans l’ensemble, beau-