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LA VICTOIRE

projet de loi sur les fautes des généraux. Ils disent que c’est une loi d’exception inadmissible, qui paralysera le commandement, tuera toute initiative. Ignace a laissé espérer à Pétain que le projet irait dormir au Sénat. Tous deux, Fayolle et Pétain, me déclarent que ce projet fait le plus grand tort à Clemenceau dans l’esprit de l’armée. Je m’abstiens, bien entendu, de toute appréciation personnelle et je ne laisse pas supposer que j’ai combattu le projet en Conseil des ministres.


Vendredi 26 juillet.

Ignace vient dans la matinée m’apporter un rapport officieux de Bouchardon dans l’affaire Caillaux. Ce rapport conclut à des charges suffisantes, non seulement en vertu des articles 77 et 79 du code pénal, mais en raison « d’intelligences avec l’ennemi ». Ignace croit le moment venu de prendre le décret pour envoyer Caillaux devant la Haute Cour. Je lui dis que Dubost m’a déclaré que si le décret était pris pendant les débats de l’affaire Malvy, le Sénat prononcerait sans doute le renvoi de celle-ci et la jonction des deux procès. J’engage Ignace à voir Dubost.

Je profite de l’occasion pour confier à Ignace l’opinion de Fayolle et de Pétain sur le projet de loi. Je lui signale également des articles bien faits du colonel Rousset, du colonel Fabry et de Joseph Reinach. Je lui répète qu’à mon avis la loi sera mauvaise et fera du tort à Clemenceau. Il me répond que le projet sera probablement enterré au Sénat, mais qu’il était impossible d’en éviter le dépôt étant donné les dispositions de la commission de l’armée.

Trente journalistes canadiens me sont présentés par lord Derby et par M. Roy, commissaire général du Canada.

M. Cretziano, nouveau ministre de Roumanie,