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quand les Allemands, pour le rétablir, rendraient la vie à nos morts. »

Selon la volonté versatile de M. Sazonoff, les négociations continuent avec les pays balkaniques. Les télégrammes succèdent aux télégrammes. Résultat : néant.



4. De M. Jusserand, n° 298, reçu le 9 septembre 1914 à Bordeaux.


Jeudi 10 septembre

Dans la matinée, deux coups de téléphone, l’un peu enthousiaste, de Gallieni : « Situation pas mauvaise, sans être aussi bonne que nous le désirerions ; » l’autre, plus satisfait, de Joffre, pour l’ensemble de la bataille. En fait, l’armée Maunoury n’a pas beaucoup avancé dans la journée d’hier. Elle paraît même un peu débordée vers le nord sur son aile gauche. Elle a perdu Betz et Nanteuil-le-Haudouin et a dû se replier sur SilIy-le-Long. Mais la 1re armée allemande a été contrainte de repasser la Marne au nord de la Ferté-sous-Jouarre et de Château-Thierry. La 2e armée allemande, commandée par von Bülow, a plié sous le choc de Franchet d’Esperey. La 3e armée, commandée par von Hausen, a elle-même cédé devant notre 9e, celle de Foch, qui a eu à défendre contre de furieuses attaques un front de trente-cinq kilomètres. Foch devait, à tout prix, interdire à l’ennemi la traversée de ces marais de Saint-Gond qui dorment dans la vallée du Petit-Morin, entourés de paisibles villages champenois. Son armée a supporté une série précipitée de violents assauts. À droite, le XIe corps, contre lequel s’acharnaient des forces de plus en plus nombreuses, a été forcé d’évacuer Fère-Champenoise ; au centre, le IXe, menacé d’être pris à revers, a été obligé de reculer et la garde prussienne s’est approchée de ce château