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Puis, comme un songe heureux, ces beaux jours s’effacèrent.
L’inexorable temps te les prit sans retour.
Comme les blonds épis, ta vie était bercée
Au souffle du printemps, au souffle du bonheur :
Mais quand l’été parut, tu vis, d’effroi glacée,

Paraître aussi le moissonneur.

Tu ne connus jamais les tourments du génie,
Et, cependant, ton cœur fut un de ses aulels.
Tu ne ressentis point la fièvre et l’insomnie
Compagnons obstinés des rêves immortels.
Jeune fille, en voyant l’aurore sans nuages,
Tu t’écrias : Le jour sera beau jusqu’au soir !
Mais le vent du malheur, charriant les orages,

Soudain renversa ton espoir.

III


Je sais une maison dans les champs isolée.
Le rosier du Bengale et le pâle olivier
Forment devant le seuil une modeste allée
Dont nul profane pas ne foule le gravier.
Là, jamais on ne voit la joie et le délire ;
On n’entend point des bals les concerts enivrants
Mais seulement, parfois, la brise qui soupire,

Ou le bruit lointain des torrents.