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D’écume et de granit couvrir leur large flanc ;
Puis, reculant soudain à l’aspect du rivage,
Choquer leurs fières sœurs dont la troupe sauvage
Vient y déferler en sifflant !

Qu’il est doux au nageur de s’asseoir sur la grève,
De laisser au soleil, hôte aimé de nos bords,
Le soin de réchauffer et de sécher son corps !
Là, sa témérité ne semble plus qu’un rêve.
Il ne peut concevoir, dès qu’il en est sorti,
Comment il a bravé tant de vagues géantes,
Et comment, en passant sur leurs gueules béantes,
Elles ne l’ont pas englouti.

Si l’on voit sur tes bords ces imposantes scènes,
Ces tableaux de désordre ou de calme menteur,
Ne sont-ils pas plus beaux ceux qu’au navigateur
Offrent incessamment tes régions lointaines ?
Aussi lorsque je vois s’éloigner un vaisseau,
Dont la carène écume en glissant sur les ondes,
Monté par ceux qui vont, cinglant vers d’autres mondes.
Chercher la gloire… ou le tombeau,

Mes désirs vagabonds s’envolent sur sa trace ;
Je lui confie alors mille touchants adieux
Pour les belles cités que les marins joyeux
Des yeux et de la voix salûront dans l’espace.