Page:Proudhon - Systeme des contradictions economiques Tome 2, Garnier, 1850.djvu/356

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à scruter encore la légitimité ou l’anomalie, elle a été trouvée tour à tour de 14, de 18, de 20, 26, 50, 100, 500, 1,000 ans et au delà.

Or, il appert déjà que cette mobilité de la période multiplicatrice contient la solution du problème, puisque, si cette période est susceptible de s’allonger indéfiniment, il doit arriver un moment où la population et la production, en augmentant toujours, resteront stationnaires. La seule chose qui importe, c’est que la cause qui détermine l’allongement de la période, et par suite l’immobilisme numérique de l’humanité, soit intime à l’organisation sociale, affranchie de toute contrainte, répression et arbitraire, et qu’elle résulte du plein et libre exercice de nos facultés. Ce qui importe, c’est que l’équilibre qui doit résulter de là se fasse sentir, non-seulement dans l’humanité tout entière, mais dans chacune des fractions de l’humanité, nation, cité, famille, individu ; non-seulement à une époque plus ou moins reculée de l’avenir, mais à toutes les époques de l’histoire, dans chaque siècle, chaque jour, chaque minute, de la vie sociale et individuelle.

Or, cette cause, encore inconnue, et qui, selon toute apparence, doit être ce qu’il y a de plus présent à l’humanité, de plus intime à la société et à l’homme, nous l’aurions infailliblement saisie, s’il était démontré que la somme de travail, au lieu de diminuer, augmente sans cesse, non-seulement en raison du nombre des travailleurs, mais encore en raison même du progrès accompli dans l’industrie, la science et l’art : en sorte que l’augmentation du bien-être ne fût véritablement pour l’homme que l’expression de l’accroissement de sa tâche. Il résulterait, en effet, de cette augmentation du travail, d’abord que la période de multiplication des produits s’allongeant sans cesse, il arrive un moment où l’humanité, en travaillant toujours, n’accumule lien, ne capitalise plus… La production humaine serait alors arrivée à son maximum : resterait à voir comment la population, suivant du même pas, s’arrêterait à ce maximum, puisque ces deux termes, population et production, sont nécessairement connexes et solidaires.

Occupons-nous d’abord du travail.

Le travail est le premier attribut, le caractère essentiel de l’homme.

L’homme est travailleur, c’est-à-dire créateur et poëte : il émet des idées et des signes ; tout en refaisant la nature, il