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LA DOUBLE MAÎTRESSE

ses étendards. Il se composait, selon l’ordonnance, de cinq escadrons dont quatre de cavalerie et un de chevau-légers ; chaque escadron formé d’une compagnie commandée par un capitaine-commandant, un capitaine en second, un premier lieutenant, un lieutenant en second et deux sous-lieutenants ; la compagnie composée d’un maréchal des logis, d’un fourrier-écrivain, de huit brigadiers, d’un cadet gentilhomme, de cent cinquante-deux maîtres, de deux trompettes, d’un timbalier avec ses timbales, d’un frater et d’un maréchal-ferrant.

Ce fut un fier spectacle qui mit la ville aux fenêtres et aux portes pour les voir déboucher par la grand’rue, un beau matin. Ils avançaient en bon ordre. Les sabots des chevaux tiraient des étincelles du pavé. Il y en avait, entre autres, beaucoup de pommelés. Le rang tenait toute la rue de front et montait jusque sur les trottoirs. Les croupes rebondies rasaient les murs des maisons. On sentait une odeur de cuir et de poil chaud. Une fois les soldats en parade sur la place, on les vit mieux. On se montrait le colonel qui se nommait le marquis de Vidrecourt. Il portait bien la double épaulette tressée en argent, ornée de franges à graines, nœuds de cordelières et cordes à puits, sans broderies ni paillette, dont le lieutenant-colonel ne porte qu’une du côté gauche, tandis que celle des premiers lieutenants est losangée de carreaux de soie, couleur de feu.

Les cavaliers avaient l’habit-veste de drap bleu de roi et les parements et les revers aurore, le manteau de drap gris blanc, piqué de bleu, le gilet