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II


M. l’abbé Hubertet, de l’Académie des Inscriptions, à Paris, et de celle des Arcades, à Rome, commençait à ressentir les atteintes de l’âge, bien qu’il eût conservé dans le sien encore beaucoup des avantages de celui qu’il n’avait plus. À soixante-dix-neuf ans il en paraissait neuf ou dix de moins. Quoique alerte et ingambe, et resté tel par le mérite d’un corps excellent et d’un appétit soutenu, il éprouvait pourtant une certaine lourdeur des membres et supportait moins aisément le poids de toute sa personne. Il trouvait parfois un peu roide à remonter la pente de sa rue et à grimper l’échelle de ses étages quand il revenait de quelque longue course à pied par la ville.

Si la pratique de la vie lui avait fourni la tête de toutes sortes d’idées sur toutes choses, et qu’il tenait en bon ordre, elle avait manqué à lui remplir les poches. Aussi ne possédait-il ni chaise, ni carrosse et il ne comptait guère, pour le mener où il voulait, que sur ses larges pieds chaussés de souliers à boucles et à semelle garnie de clous. Son pas lourd retentissait aux escaliers et se décrottait aux paillassons, car rien n’arrêtait l’abbé, ni la