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INCITATUS

obéi et s’était percé de son épée. C’était son corps que l’on accablait d’outrages. Le peuple battit des mains ; la mort à côté d’un triomphe, n’étaient-ce pas en effet deux spectacles à la fois ?

II

Un vaste palais, où ruisselaient de toutes parts l’or et les pierres précieuses, s’était élevé comme par enchantement à côté de celui de l’empereur. Sous son portique de marbre, décoré de colonnes de jaspe et de porphyre, circulaient sans cesse une foule d’officiers, d’esclaves, d’affranchis, splendidement vêtus. Ce pompeux et magnifique édifice était la demeure d’Incitatus.

La salle qui lui servait d’écurie était toute en marbre blanc, et pavée de mosaiques artistement exécutées ; l’auge et le râtelier, d’ivoire, pouvaient passer pour des chefs-d’œuvre ; les plafonds et les murailles, semés de lames d’or et d’argent, étaient en outre décorés d’ornements d’ivoire ; çà et là se dressaient, sur leurs piédestaux dorés, des statues dont l’exécution avait été confiée aux plus habiles sculpteurs. Mais rien n’égalait la