Page:Rabelais - Pantagruel, ca 1530.djvu/79

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et passerent procuration à defendre leur cause, mais ie les poursuivy si vertement que par arrest de la court y fut dist, que ces haulx cachecoulx ne seroient plus portez, sinon qu’ilz feussent quelque peu fenduz par devant. Mais il me cousta beaucoup. Ieuz ung aultre proces bien ord et bien sale contre maistre Fify et ses suppotz, à ce qu’ilz n’eussent point à lire clandestinement les livres de Sentences de nuyct, mais de beau plain iour et ce es escholles de Sorbonne, en face de tous les theologiens, ou ie fuz condemné es despens pour quelque formalité de la relation du sergeant. Une aultre foys ie formay complaincte à la court contre les mulles des Presidens, Conseilliers, et aultres : tendant à fin que quand en la basse court du Palays l’on les mettroit à ronger leur frain, que les Conseilleres leur feissent de belles baverettes affin que de leur bave elles ne gastassent point le pavé en sorte que les paiges du palays peussent iouer dessus à beaulx detz, ou au reniguedieu à leur ayse, sans y rompre leurs chausses aux genoux. Et de ce en euz bel arrest : mais il me couste bon. Or sommez à ceste heure combien me coustent les petitz bancquetz que ie fays aux paiges du palays de iour en iour. Et à quelle fin ? dis ie. Mon amy (dist il) tu ne as nul passetemps en ce monde. Ien ay moy plus que le roy. Et si tu vouloys te rallier avecques moy, nous serions diables. Non non (dis ie) par sainct Adauras : car tu seras une foys pendu. Et toy (dist il) tu seras une foys enterré, lequel est plus honorable ou l’air ou la terre ? He grosse pecore, Iesuchrist ne fut il pas pendu en l’air. Mais à propos ce pendant que ces paiges bancquettent ie garde leurs mulles, et tousiours ie couppe à quelqu’une l’estriviere du cousté du