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nono

— Oh ! oh ! fit le duc interdit, et il renouvela la compresse.

En réalité, ils avaient tous deux changé de visage. Ils demeurèrent quelque temps silencieux.

Deux heures sonnèrent.

Renée s’aperçut que le clair regard du duc ne la quittait plus. Tout à coup, elle se sentit inquiète d’être là.

— Veuillez faire approcher cette brave femme, monsieur le duc, demanda-t-elle, je désire mettre un peu d’ordre dans ma toilette ; mon père doit être très inquiet. »

M. de Pluncey s’empressa de sortir, après un salut d’une correction parfaite. Bientôt Renée fut prête et put regarder dans le parc. Elle vit que les Combasses étaient au centre de ces arbres gigantesques comme dans un nid d’oiseau de proie. Une trouée pareille à celle qu’on avait ménagée sur la mare, donnait sur un côté de Montpellier qu’elle n’avait point étudié encore, et elle en conclut que la nouvelle propriété du duc se trouvait, par rapport à la ville, juste à l’opposé de Tourtoiranne.

Elle vit bientôt arriver la calèche : on avait entouré ses roues de serviettes blanches habilement dissimulées sous une torsade de tresse rouge et verte, les couleurs du duc. La voiture étant veinée des mêmes nuances, les serviettes ne pouvaient guère attirer l’attention des passants. Sur les panneaux, une carte était clouée à l’envers, cachant le blason.

— Ce duc est fou, songea Renée, ou c’est un bien galant homme. »