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Il glissa une lettre sous les verveines et disparut pour ne pas avoir l’air d’attendre une réponse. Renée descendit par son escalier particulier, traversa la corbeille des rosiers nains, prit la lettre, mais au lieu de rentrer elle se dirigea vers sa salle de bain. La missive était longue, gracieuse, d’une diplomatie tendre, sur un papier havane dont l’écusson microscopique portait les plus belles armes qu’on pût rêver.

« Si nous parlions politique, disait le duc en post-scriptum, je vous apprendrais bien que Monsieur votre père vient de me donner un rendez-vous à l’Hôtel des couronnes, seulement nous ne parlons pas politique. »

Et il y avait des points, ce qui signifiait qu’on voulait demander une ligne de conduite.

— Largess est parti ! » s’écria Mlle Fayor

L’exclamation n’était pas jetée que Largess s’encadrait dans un vitrail et dégringolait avec l’agilité d’un chat sur la margelle de la vasque.

— Mademoiselle désire ?… fit le groom redevenant correct.

— Largess, il paraît que mon père…

— Je sais, mademoiselle.

— Alors, je ne veux pas qu’il y ait duel. Croyez-vous monsieur de Pluncey sérieusement offensé ?

— Non, Mademoiselle, mais Monsieur le duc se bat sans offense pour s’entretenir la main. Ensuite, c’est une affaire de parti.

— Puis-je avoir confiance en vous, Largess ?

— Du moment que Mademoiselle le demande, certainement.