Page:Rachilde - Nono, 1885.djvu/211

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
203
nono

Dans la foule, un homme, qui paraissait d’une rare souplesse, essayait de se faire jour à tout prix jusqu’au héros de l’ovation en attendant que les discours se calmassent. Il avait assez la mine d’un cocher de bonne maison. À ses côtés un petit pantin en culottes courtes se démenait contre les rudes coudes des paysans.

— Nous n’arriverons jamais, monsieur Félix. Pourquoi diable vous presser tant, quand il n’y a qu’à aller chercher ailleurs… Quoique ce soit un rustre, je ne l’ai pas rencontré ici ! »

Et le petit masque se levait sur ses pointes.

M. Félix voulait voir de plus en plus, il estimait qu’un coup d’œil, lancé à un personnage lorsque il ne se doute de rien, est gros de découvertes. Nous ajouterons que ce n’était pas M. Fayor qu’il désirait voir, Félix cherchait M. Bruno Maldas.

Les gens de M. de Pluncey étaient allés écouter leur adversaire politique, par distraction et avec l’aplomb de ceux qui servent une riche cause. Félix, surtout, devenu très récemment palefrenier des Combasses, témoignait une grande admiration pour l’auteur des péroraisons du général.

— Ce Bruno ! Peste ! répétait-il… Et vous dites qu’il a insulté notre maître ?

— Si je le dis ! répondit Largess, je l’affirme, monsieur Félix, j’étais, moi, derrière un buisson quand on m’a demandé la bonbonnière. Traité de chien à chat, mon cher ! Et des termes ! Et des gestes !… Monsieur le duc aurait dû le cravacher !