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— Vous n’avez pas le réveil agréable, dit le cocher dont les yeux s’allumaient singulièrement dans l’obscurité.

» Mais aussi, reprit-il, quelle idée bête d’aller dormir en perchoir ! Votre maître vous cherche partout.

— Mon maître ?… Je n’en ai pas !… répondit doucement Nono.

— Vous êtes bien heureux, car chacun en a un, sur terre comme sur les toits. »

Et Félix se mit à rire.

Ils s’examinèrent tous les deux avec une défiance mal dissimulée.

— Descendons, dit Félix.

— Descendons ! répéta Bruno qui ne déboudait pas. Une fois en bas, les deux adversaires prirent le même chemin, laissant là les chaises et la table.

— C’est l’affaire des domestiques, avait déclaré Nono, quand le cocher voulut l’aider pour mettre de l’ordre.

— Écoutez donc, monsieur Maldas, commença Félix au bout d’une minute de route, je ne suis pas mauvais compagnon. J’ai un gilet jaune, c’est vrai, mais j’aime les beaux diseurs. Sans parti pris, vous avez fièrement fait gloser votre général.

— Moi ? murmura Nono à cent lieues du sujet.

— Oui. On sait dans le pays que vous écrivez les discours et les livres de M. Fayor. Malgré mon service chez le duc, j’ai applaudi.

— Je ne fais pas parler mon général, c’est lui qui me fait écrire.