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— Manœuvre de la dernière heure ! dit celle-ci, en partant d’un frais éclat de rire.

— Comment ? murmura le juge d’instruction.

— Le poste est vacant, monsieur, je vous l’affirme. je me désiste en votre faveur, si vous y tenez. »

Il aurait jeté sa candidature, son nom, sa fortune, voire toutes ses convictions les plus intimes par la croisée ouverte, si on lui avait donné en échange une seule minute de liberté, une seconde de soleil et de route comme l’avait, au même moment, cet humble garçon, Bruno Maldas, rencontré dans un chemin creux près du château.

— Ah ! monsieur le duc !… cria le juge transporté, en caressant sa barbe… je n’aurai jamais votre autorité, fit-il, persuadé, au contraire, qu’il pouvait en avoir davantage.

— Mon gendre !… je ne vous permets pas ce sacrifice ! » déclara carrément le général Fayor.

Renée intervint.

— Désormais, cher père, mon fiancé n’est plus qu’un renégat ; je comprends sa nouvelle politique !

— Ce sera, Mademoiselle, de ne plus servir que vos caprices, vous voyez, j’obéis… murmura le duc avec une courtoisie parfaite.

— Messieurs, déclara d’une manière dégagée le général, nous laisserons, pour l’instant, votre petit assassinat de côté. Je marie ma fille !… »

Cela fut le comble.

— Ils s’entendent, je crois, se dit le duc atterré.