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— Bravo ! papa marie sa fille. Voilà, messieurs ! Seulement, expliquez-moi comment mon fiancé vient à tomber sur un assassinat dans ce cabinet de travail ? » demanda Renée en riant.

Le duc se tenait les tempes.

— Pourquoi l’assassinat n’est-il pas plutôt tombé sur le fiancé ? » formula-t-il mentalement.

Elle, heureuse, remplie d’orgueil, plongeait ses yeux dans ceux du juge d’instruction.

— Oh ! Mademoiselle, fit celui-ci tout aimable et gracieux, votre père exagère. On cherche un disparu, simplement ; un certain Barthelme… des indications…, enfin, toute une procédure naturelle, rien de grave !

— Rien de grave ! répéta comme un écho le maire de Gana qui voulait être galant.

— Une vétille ! appuya le général et nous nous tenons tous à la disposition de la justice. Et, maintenant, en avant la noce ! »

Les témoins de cette scène se sentirent entraînés. Quelle singulière maison ! Comme ces grands seigneurs faisaient les choses ! Leurs actes les plus solennels se passaient entre deux plaisanteries !

— Je propose un lunch de réconciliation ! dit Renée avec de malicieux hochements de tête à l’adresse du fiancé.

— C’est vrai, bougonna le général, nous avons failli nous battre ! Ah çà ! où étiez-vous fourré le jour où j’allai tempêter chez vous, aux Combasses ?