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— Il y a plus ! reprit le duc en frissonnant, vous avez peur que Bruno traîne notre nom aux Assises ? »

Il fit une pause.

— Ne craignez rien, ajouta-t-il sourdement, on peut le faire évader. Que savez-vous de l’assassinat ? Au moins répondez, puisque je dois aller plus loin sur le chemin de ce calvaire.

— Vous m’aimeriez jusqu’au pardon ?

— Je te désire jusqu’à me faire complice de tes infamies ! s’écria le duc ivre de rage en l’enlaçant éperdument. À peine eut-elle reçu le premier baiser de l’époux, qu’elle le repoussa, ses prunelles eurent des éclairs.

— Vous saurez tout, car, je le vois, la vérité seule peut vous éloigner de moi, dit-elle en rattachant son manteau. Vous ne voulez pas me laisser partir avant ? demanda-t-elle anxieuse.

— Partir ?

— Aller le rejoindre ! murmura-t-elle impitoyable.

— Qui ?

— Bruno.

— Vous l’aimez ? lui !… vous !… »

Et le duc sentit sa raison s’écrouler.

— Je l’aime atrocement et, pour le sauver, je n’ai pas besoin de le faire évader, je n’ai qu’à dénoncer le véritable assassin de Barthelme !

— Cet assassin… vous le connaissez ? »

Renée avait retiré sa couronne, elle la déposa sur la chaise longue.