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Elle jeta une mantille sur sa tête, ramenant la dentelle en avant afin de voiler ses yeux fatigués, prit un coffret dans un bahut et gagna le petit salon.

Mme Maldas debout, sa robe raccommodée bien serrée autour d’elle, ne pouvait s’empêcher d’examiner naïvement le réduit capitonné.

Renée ferma soigneusement la porte.

— Asseyez-vous, madame, dit-elle d’un accent très ému en posant le coffret auprès d’elle. Vous êtes ici chez vous. La mère de Bruno Maldas a droit à tout mon respect. »

Ce langage pétrifia la pauvre femme, elle venait pour maudire, elle eut envie de remercier…

— Je voudrais vous rendre cet argent, madame, et elle lui tendit les billets de banque enveloppés dans un papier de soie.

« Je n’y ai pas louché, continua-t-elle, nous ne voulons pas y toucher. J’ai eu tort d’accepter, mais vous avez disparu si vite, le jour de Tourtoiranne… vous vous souvenez ?… que je n’ai pas eu le temps de parler. »

Renée la fit asseoir à ses côtés.

— Comment est-il ? interrogea-t-elle sans s’occuper des billets qui s’éparpillaient sur les coussins de sa causeuse.

— Qui, mon fils ? Ah ! madame, il a pleuré ses dernières larmes, le pauvre. Nous ne comprenons rien tous les deux aux raisons qu’on donne pour le garder. On cherche le mort et j’ai entendu dire par la ville qu’on allait le trouver. »