Page:Rachilde - Nono, 1885.djvu/351

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
343
nono

de se taire !… Se taire ?… que n’ai-je crié plus tôt ! Soit !… qu’elle se taise, je hurlerai, moi, comme ma chienne dans les nuits noires. Allons ! ouvrez cette porte !… Appelez la justice ! Voici le criminel… je suis la liberté de Bruno Maldas !  !… »

Et elle ouvrit la porte toute grande, tandis que Mme Chauvol éclatait en sanglots convulsifs. Ce ne fut pas la justice qui vint, ce fut le duc de Pluncey accompagné du pharmacien terrifié.

— Que vous disais-je ? murmura le duc ; le délire reprend, c’est fini, pauvre créature adorée !… »

Il remit le châle dérangé sur les épaules de la duchesse ; Chauvol courut à sa femme.

— Mais enfin que se passe-t-il ? Lilie, réponds-moi ? Savais-tu que la duchesse était folle ? Elle est venue te demander des lettres qu’on lui a volées ! Elle les demande à tout le monde. »

Lilie employa la dernière ressource des femmes qui ne veulent pas répondre : elle s’évanouit.

Renée regardait fixement le duc.

— Je n’ai pas, en effet, ce que nous venions chercher, les lettres n’existent plus, dit-elle avec désespoir.

— Venez, venez, ma pauvre enfant, répondit Edmond, désormais rassuré. Venez, j’obéis à tous vos caprices, cependant je ne puis tolérer une pareille scène plus longtemps. Un verre de vulnéraire vous attend en bas, et nous remontrons en voiture pour le bout du monde, si vous voulez ! »

Le duc était, comme toujours, parfait dans sa commisération. Renée comprit qu’il était le plus fort.