Page:Radcliffe Chastenay - Les Mysteres d Udolphe T2.djvu/239

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château, où quelquefois, à minuit, on entend des gémissemens. Cela fait frémir d’y penser ! On a vu là des choses bien extraordinaires.

Je te prie, Annette, trêve de ces contes ridicules, dit Emilie.

Contes ridicules, mademoiselle ! Oh ! mais, je vous dirai là-dessus, si vous voulez, une histoire que Catherine m’a faite. C’étoit le soir d’un hiver froid ; Catherine (elle venoit souvent au château, à ce qu’elle dit, pour tenir compagnie au vieux Carlo et à sa femme ; Monsieur l’avoit recommandé, et depuis ce temps-là elle étoit toujours ici) ; Catherine étoit assise avec eux dans la petite salle. Carlo dit : Je voudrois bien que nous eussions des figues à faire griller. Il y en a dans l’office, mais il y a loin, et je suis trop las. Allez, Catherine, dit-il, vous êtes jeune et ingambe, apportez-nous en quelques-unes ; le feu est bien disposé pour les rôtir. Elles sont, dit-il, dans le coin de l’office, au bout de la galerie du nord. Prenez la lampe, dit-il, et prenez garde, en passant le grand escalier, que le vent qui entre par le toit ne vous l’éteigne. Ainsi, avec cela, Catherine prit la lampe… Paix, mademoiselle J’entends du bruit, cela est sûr !