Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/127

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héros impétueux qui accourait avec son arbre ; mais, tout aveuglé qu’il fût par l’ivresse, il en eut pitié : « C’est un vieillard vénérable ! » et, ce disant, il se contenta de lui frotter les membres sur le sol de la terre.

S’étant un peu débarrassé des singes, le noble quadrumane se rapprocha tout à fait des serviteurs, qui étaient accourus avec lui, et leur dit : « Singes, venez avec moi ! allons où est notre maître, Sougrîva au long cou, avec le sage Râma. Car ces insensés, qui foulent aux pieds les ordres mêmes du souverain, ont mérité la mort ; et Sougrîva, irrité de leurs violences, ôtera la vie à tous. » Quand Dadhimoukha, le garde vigoureux du bois, eut parlé de cette manière, il partit à la tête de tous les singes qui formaient son bataillon. Dans l’intervalle que mesure un clin d’œil, ce coureur des bois atteignit ces lieux où Sougrîva se tenait assis avec Râma et Lakshmana. Le singe Dadhimoukha, le chef aux longs bras des préposés à la surveillance du bois, descendit alors, environné de tous ses gardes forestiers. Là, d’un visage consterné, joignant les mains en coupe à ses tempes, il pressa du front les pieds fortunés de Sougrîva.

Ensuite le monarque des simiens, ayant vu ce noble singe, le cœur dans le trouble et le front humilié, lui tint ce langage : « Relève-toi ! relève-toi ! pourquoi te vois-je prosterné à mes pieds ? Tu n’as rien à craindre ; je t’en donne l’assurance.

« Dis-moi ce que tu veux au fond de ta pensée. La paix règne-t-elle dans le Bois-du-Miel ? Singe, je désire le savoir. »

Ainsi encouragé par le magnanime Sougrîva, le sage Dadhimoukha se lève et lui répond en ces termes : « Les singes ont détruit ce bois, que n’avaient pu surmonter