Page:Rambert - Études littéraires, t2, 1890.djvu/304

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sylviculture. Ce qu’il lui faut, dans la nature comme dans l’histoire, c’est l’antique, le primitif, l’inéduqué ; le desert ou la jungle, et leurs sauvages populations : l’éléphant, la panthère noire, le jaguar. Ici nous rencontrons quelques-unes de ses meilleures inspirations, des plus originales, et en même temps des plus accessibles au commun des mortels. Quand il se plonge dans la légende, il aurait besoin parfois d’un commentaire explicatif qui exigerait une érudition assez rare. Mais quand il se rejette sur la nature, il laisse son érudition dans les livres ; il peint de souvenir ou d’imagination, et il est simple malgré lui : simple ! entendons-nous ; il l’est dans la mesure où peut l’être un Parnassien. Le bonhomme Lafontaine — soit dit en passant — l’était bien autrement.

L’un des plus populaires de ces portraits de nature primitive, vus ou rêvés, et plus souvent encore rêvés que vus, est celui du condor qui s’élève, le soir, à des hauteurs vertigineuses, où la nuit finit par l’atteindre, lui aussi, mais le dernier de tous. On cite également parmi ses chefs-d’œuvre celui de la panthère noire :


La reine de Java, la noire chasseresse,
Avec l’aube revient au gîte où ses petits,
Parmi les os luisants miaulent de détresse,
          Les uns sous les autres blottis.


Vous devinez, à des vers pareils, quelle est la puissance de description du poëte. À mon gré, il ne l’a dé-