Page:Raymond Vuigner - Comment exploiter un domaine agricole.djvu/35

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il y a lieu de prévoir des réserves et de calculer en conséquence le cube des réservoirs à construire. J’ajoute incidemment que,. dans ces calculs, il doit être tenu compte de l’eau de ruissellement susceptible d’être recueillie dans une bonne mare établie dans la cour de ferme. La présence ou l’absence de cette mare a une importance sur laquelle il est inutile d’insister sinon pour signaler qu’il ne suffit pas que la mare existe,. mais qu’il faut encore s’assurer qu’elle est étanche et bien aménagée. Par bon aménagement, j’entends une disposition écartant de la mare toutes les eaux polluées par les purins et déjections des animaux ; quant à l’étanchéité, c’est une qualité essentielle qu’il n’est pas toujours facile de reconnaitre sans un examen minutieux : le niveau de l’eau baisse, en effet, par suite de l’évaporation plus ou moins intense qui s’exerce à la surface de la mare et par suite de la consommation ; il peut, au contraire, être brusquement relevé par une averse violente et soudaine. Le témoignage impartial de gens du pays, si on a la chance de pouvoir le recueillir, est, en la circonstance, fort précieux, sinon indispensable ; j’en parle par expérience, et je puis dire qu’il faut se défier beaucoup de l’étanchéité d’une mare lorsque le propriétaire nous fait valoir qu’il l’a nettoyée, surtout lorsque la vidange a eu lieu à l’aide d’une pompe à vapeur : le logement aménagé pour la crépine du tuyau d’aspiration de la pompe dessole d’ordinaire la mare, quelque soin que l’on prenne pour reboucher le puisard.

Déjà complexe lorsqu’il s’agit seulement de la boisson et des soins d’hygiène et de propreté, la question de l’eau à la ferme devient plus délicate encore s’il est nécessaire de pratiquer des irrigations de prairies, s’il faut mettre en marche un moteur à vapeur ou à gaz, ou si à l’exploitation culturale proprement dite s’ajoutent des industries annexes : beurreries et laiteries, distilleries ou féculeries. C’est un point sur lequel nous reviendrons par la suite, en tâchant de déterminer les exigences en eau de chacune de ces industries ; je crois toutefois devoir dire ici que, si l’agriculteur se propose de faire, sur le domaine qu’il s’inquiète de choisir, du lait ou du beurre, il lui est à peu près indispensable d’avoir sous la main une quantité d’eau pure et fraîche à laquelle il puisse puiser