Page:Raymond Vuigner - Comment exploiter un domaine agricole.djvu/47

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n’est pas indifférente : il est nécessaire qu’elle soit suffisante pour occuper le propriétaire sans que celui-ci ait aucun détail important à négliger ; or ce résultat sera atteint dans des conditions variables avec la nature de l’exploitation et la part que le chef entend prendre dans sa mise en valeur : s’il veut travailler de ses mains et être à lui-même tout à la fois son chef de culture et son premier charretier, il lui faudra évidemment un domaine d’étendue beaucoup plus faible que s’il réduit son rôle à un rôle de direction et d’organisation, surtout si dans cette tâche, toute d’intelligence, il se fait aider d’un second à qui il abandonne la surveillance purement matérielle. L’agriculteur peut aussi se contenter d’un petite exploitation s’il ne s’occupe de celle-ci que comme complément ou diversion à des études de laboratoire ou de bibliophilie ; il cultivera en vigne une surface beaucoup moindre que celle qu’il soignera s’il se livre à la production des céréales et des plantes de grande culture, etson domaine s’étendra avec l’importance que prendront les bois et les pâturages à moutons dont l’entretien est presque nul. Il est donc très difficile de donner en nombre d’hectares des chiffres que tant de causes peuvent influencer.

M’en rapportant à mon expérience personnelle, je puis cependant assigner une étendue minimum de deux cents hectares à un domaine pris dans la Beauce, la Brie ou le Vexin et où l’on s’adonne à la production des céréales complétée de prairies temporaires de légumineuses et de champs importants de betteraves de sucrerie ou de distillerie, les spéculations animales étant l’élevage et l’engraissement intensif des moutons, l’engraissement des bovidés, ou la mise en valeur d’un troupeau de vaches laitières. Sur une exploitation de ce genre de deux cents hectares d’étendue, le chef trouve à exercer son activité physique et intellectuelle en ne gardant pour lui que la direction. Il n’a, dans ces conditions, besoin que d’un chef de culture magasinier, capable de le remplacer en cas d ’absence, de surveiller certains travaux où les ouvriers ont à être guidés de façon continue, et de tenir l’exacte comptabilité de tous les aliments, engrais, etc., employés journellement sur la ferme.

Si la ferme grandit en surface, le rôle du second doit croître aussi, il faut un contremaître véritable et même parfois plu-