Page:Raymond Vuigner - Comment exploiter un domaine agricole.djvu/48

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sieurs chefs de service ; je connais, en France même, des exploitations de quatre cents et même six cents hectares conçues sur le plàn général que j’indiquais à l’instant : leurs chefs sont d’ordinaire des chefs de famille qui comptent en des fils arrivés à l’âge d’homme les auxiliaires qui leur sont nécessaires. D’autres fois le chef d’exploitation n’a pas de fils, mais des stagiaires qu’il forme progressivement, de façon à en avoir toujours de suffisamment capables pour le seconder ; cette formation de stagiaires, pour celui qui est doué de l’intelligence spéciale nécessaire pour y réussir, est un facteur sérieux de succès. Les jeunes gens qui travaillent en vue d’apprendre à commander à leur tour ne ménagent pas leur temps et leur peine ; ils s’efforcent d’obtenir un bon rendement des ouvriers placés sous leurs ordres, et, comme l’éducation qu’ils reçoivent constitue pour eux un gros avantage, elle n’est souvent pas entièrement payée par leur travail : leur maître peut leur demander une juste rétribution pour la science doublée de pratique agricole qu’il leur inculque. Il y a d’ailleurs bien des degrés dans la situation réciproque dès stagiaires et de leurs patrons, et il est juste de reconnaître qu’un mauvais stagiaire est aussi préjudiciable au chef d’exploitation qu’un chef insouciant peut être nuisible à son élève : il y a un choix très sérieux à faire de par.t et d’autre.

Lorsque, dépassant encore l’étendue qui justifie la direction par un chef aidé de fils ou de stagiaires, le domaine atteint une importance observée à l’étranger plus encore que chez nous, l’exploitation agricole prend les caractères d’une véritable exploitation industrielle et scientifique. Non seulement il y a de véritables chefs de service pour les champs, les magasins, les différents groupes d’animaux, mais il y a, comme en Saxe, des chimistes placés à la tête de laboratoires des mieux outillés, : tout est analysé dans ces laboratoires ; le sol de chaque pièce est connu et non seulement on sait comment l’amender, mais on sait aussi ce qui exactement lui est enlevé par la récolte qu’il a portée, ou rapporté par les engrais de tous genres qu’il reçoit. On a ainsi tous les éléments nécessaires pour maintenir la balance en équilibre, nourrir et rationner les plantes cultivées, tout comme on nourrit et rationne les animaux.